Pamphlet d'Anne Roumanoff. Visite de Macron à Marseille.
À l'Élysée . Pamphlet d’Anne Roumanoff .
_ C'est un succès, cette visite à Marseille, non? Tout le monde n'a parlé que de ça. D'ordinaire, mes prédécesseurs faisaient un aller-retour dans la journée, un discours, au revoir et bonjour, moi je suis resté trois jours. Trois jours hors de Paris, faut le faire quand même! J'ai même été me risquer à la cité Bassens, ça n'est pas si terrible finalement.
– C'est surtout qu'on a envoyé des sociétés de nettoyage privées et des paysagistes avant votre venue, monsieur le Président.
– Je suis quand même bien content d'être rentré. Je n'en pouvais plus de ces regards goguenards. Les Marseillais ne croient pas en grand-chose, sauf au professeur Raoult. On dirait qu'ils sont désabusés de la vie.
– Ou alors très lucides. Les enseignants marseillais ont moyennement apprécié votre idée de 50 écoles laboratoires, ils préféreraient juste des écoles en bon état.
– Mais je vais en rénover 174! Je ne suis pas responsable du délabrement des écoles à Marseille depuis vingt ans. On en parle, de la gestion désastreuse de Defferre et Gaudin? Du personnel municipal qui fait 35 heures par mois? L'idée que les directeurs puissent choisir leurs enseignants est excellente. Dès qu'on veut innover dans ce pays, les herses s'abattent.
– Si je puis me permettre, vous devriez éviter d'employer des mots que personne ne connaît, monsieur le Président. Et puis est-ce que c'est vraiment le moment de contrarier les enseignants avec tout ce qu'on a à gérer en ce moment? En plus, les gens ont dit qu'avec ce déplacement vous démarriez votre campagne présidentielle aux frais du contribuable.
– Mais pas du tout! C'est juste que je réinvente la fonction présidentielle et que je renonce temporairement à l'équilibre des finances publiques. Vous connaissez la formule gagnante du Macron Tour? "Un problème, une subvention."
– Si vous dépensez 1 milliard et demi d'euros à chaque déplacement, monsieur le Président, ça va finir par coûter cher à l'État.
Dans les quartiers .
Soi-disant, ils vont mettre de la police et des caméras de vidéosurveillance partout. Le Président a dit : "On doit assumer de faire du harcèlement policier et judiciaire. Et pilonner, pilonner, pilonner…"
– Sérieux ?! Vas-y! Mais les policiers, ils ont peur de venir dans les cités. On dirait, Macron, il a pas vu le film Bac Nord. Moi, j'ai une idée de réforme que ça pourrait tout changer. Quand tu deales, tu peux te faire 600 euros par jour en liquide?
– Ouais, et alors?
– Si le gouvernement il payait les élèves 800 euros par jour pour étudier, sur ma vie, il y aurait beaucoup moins d'absents dans les collèges.
– Mais ils peuvent pas payer les élèves plus que les professeurs !
– Ouais, c'est là où tu vois que président, c'est pas facile comme taf.
A l'Office du Tourisme.
À entendre Macron, c'est tout juste si on ne se fait pas attaquer à la kalachnikov par des trafiquants de drogue à la sortie du TGV. Il ne faut pas oublier que Marseille, c'est 9 millions de touristes par an, des paysages incroyables, une effervescence culturelle. On est la deuxième ville de France, quand même! - Le pays de Pagnol, des calanques, la cité de l'OM, du Vieux-Port, la ville du stade Vélodrome, d'IAM et de Soprano.
– Moi, ce qui m'a vexé, c'est quand il a dit : "C'est plus facile de décentraliser quand on est à Cannes qu'à Marseille, parce que les gens ne sont pas les mêmes."
– En tout cas, il nous a rassurés, il ne veut pas mettre la ville sous tutelle
– Mais il ne peut pas mettre Marseille sous tutelle : elle est déjà sous perfusion.
Anne Roumanoff. Extrait.
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